« Les hommes fournissent aux femmes, plus ou moins régulièrement, une partie de leur soutien matériel, dans un contexte plus général où ils font en sorte qu’il soit difficile pour les femmes de subvenir à leurs propres besoins. Mais ce sont les femmes qui fournissent aux hommes leur énergie et leur envie de vivre: les mâles sont portés par les femmes. Et ils ne peuvent apparemment pas se passer de ce soutien.
Le parasitisme des hommes envers les femmes est mis en évidence par la panique, la rage et l’hystérie qu’ils manifestent à l’idée d’être abandonnés par elles. Les travaux de Jesse Bernard et de George Gilder soulignent que les hommes sont nombreux à développer des maladies mentales, à tomber dans la délinquance, l’alcoolisme, à contracter des infirmités physiques, à perdre leur emploi, à se droguer et à souffrir de névroses quand ils sont privés des soins et de la compagnie d’une compagne–ou gardienne. Tandis que les femmes qui n’ont pas de compagnon sont en bien meilleure santé et plus heureuses que celles qui vivent avec un homme. Et la littérature abonde en exemples de « cannibalisme masculin », d’hommes qui s’alimentent de l’énergie des femmes. Les images de ce cannibalisme sont communes dans la pornographie: les femmes y sont assimilées à de la nourriture, et la sexualité au fait de manger.
Et dans les écrits masculins, le thème des hommes dérivant une jouissance intense de battre, violer ou tuer des femmes (ou juste de les terroriser) est aussi commun. Grâce à ces interactions avec les femmes (ou plutôt à ces actions sur les femmes), les hommes se sentent bien, rafraîchis, rajeunis, ré-énergisés. Ils se sentent épuisés et vidés par le fait de vivre seuls, ou entre hommes, ils revivent et sont rafraîchis et resuscités quand ils rentrent à la maison, qu’on leur sert leur diner, qu’ils trouvent des vêtements propres, et qu’ils ont des rapports sexuels avec leur femme. Ou qu’ils passent à l’appartement d’une amie pour boire un verre, ou qu’ils ramassent une prostituée pour une évasion dans leurs fantasmes sexuels favoris. Ou en violant des femmes réfugiées suite à leurs guerres. Les soins des femmes, qu’ils soient gratuits ou payants, c’est ce qui restaure en eux la force, la détermination et la confiance pour qu’ils puissent continuer ce qu’ils appellent vivre.
S’il est vrai qu’un aspect fondamental des relations entre les sexes est le parasitisme masculin, cela peut expliquer pourquoi certaines questions enragent particulièrement les masculinistes. Par exemple, l’avortement….
Le fetus vit parasitiquement; c’est un animal distinct qui se nourrit de la vie (du sang) d’une autre créature animale. Il est incapable de survivre sur ses ressources propres. S’il est vrai que les mâles patriarcaux vivent parasitiquement sur les femelles, il semble raisonnable de supposer que beeaucoup d’entre eux sont d’une certaine façon conscients du parallèle entre leur situation et celle du fetus. Ils peuvent facilement s’identifier au fetus. La femme qui est libre de voir le fetus comme un parasite, qui a le droit d’avorter, peut être libre de voir l’homme comme un parasite. La volonté de cette femme de couper la ligne de vie vers l’un des parasites suggère une volonté de couper aussi les vivres à l’autre parasite. La femme qui est capable (légalement, psychologiquement, physiquement) de décider, dans son propre intérêt et en toute indépendance, de rejeter l’un des parasites est capable de rejeter le fardeau de l’autre–avec la même détermination et la même indépendance. Aux yeux de l’autre parasite , l’image d’une femme qui décide d’avorter de façon totalement auto-déterminée, sans même l’esquisse de la moindre soumission rituelle au veto masculin, est l’image en miroir de la mort.
Les hommes qui sont contre l’avortement s’inquiètent du rejet PAR LES FEMMES ET SELON LE BON PLAISIR DES FEMMES de quelque chose qui vit parasitiquement en elles ».
Ils s’inquiètent non à cause des enfants, ni des personnes âgées (dont s’occupent aussi les femmes) mais parce que « les hommes seront les prochains ».
(Marilyn Frye, universitaire (professeur de philosophie), lesbienne et féministe de la deuxième vague, « The Politics of Reality ».
Traduction Francine Sporenda

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Ça fait peur et mal
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CloseElo Tanit likes your comment: « L’éducation des hommes n’a qu’un impact… »a few seconds ago