Cet argument martelé par les pro-prostitution: « il faut écouter la parole des personnes prostituées ».
La parole des prostituées qu’ils nous demandent d’écouter, c’est la parole de quelques femmes très médiatisées, qui ont leur rond de serviette sur les plateaux télé, et qui souvent ne sont pas vraiment prostituées, ou justement passent plus de temps sur les plateaux télé ou dans les colloques internationaux sur la prostitution que dans la rue ou les salons de massage. Voire qui sont elles-mêmes proxénètes.
Et , sur les plateaux télé, elles vendent toujours le même message: « je suis une prostituée indépendante, la prostitution, c’est mon choix, et c’est « empowering ».
Message que faisait déjà passer Ulla à Lyon dans les années 70. Message mensonger: Ulla avait un proxénète et elle l’a reconnu elle-même: « comment avez-vous pu me croire? »
85/90% des prostituées sont sous contrôle proxénète. Face à la néo-libéralisation/globalisation de l’industrie du sexe, la prostituée indépendante est une espèce en voie de disparition. Donc déjà, les « prostituées indépendantes » de plateau télé (si elles le sont vraiment) ne sont pas représentatives.
Mais surtout, comment peut-on croire une minute que les réseaux proxénètes vont laisser « leurs » femmes aller sur les plateaux télé révéler qu’elles sont victimes de réseaux proxénètes? Le proxénétisme est un crime en France. Les proxénètes doivent rester invisibles, ils ne recherchent pas la publicité.
Donc soit les 9 personnes prostituées sur 10 qui sont vraiment représentatives, on ne les entendra jamais–parce que les proxénètes ne veulent pas qu’on les entende.
Soit, si leurs proxénètes les envoient sur les plateaux télé, c’est pour qu’elles tiennent le discours d’Ulla: « je suis indépendante et c’est mon choix ».
C’est pourtant évident que si une femme prostituée est sous contrôle proxénète, sa parole l’est aussi.
La parole des personnes prostituées en activité doit être entendue–mais elle ne doit pas nécessairement être prise pour argent comptant. La parole des personnes prostituées, elle n’est vraiment libre que quand elles sont sorties de la prostitution.
Et l’argument est de toute façon absurde. Je ne suis pas victime d’excision, donc je me tais sur l’excision? Je ne suis pas victime de viol donc je me tais sur le viol? L’existence de la prostitution affecte toutes les femmes dans la mesure où elle affecte globalement l’image que la société a des femmes. Le comportement quotidien des hommes avec toutes les femmes est différent dans les pays où la prostitution a été légalisée, comme l’Allemagne, et les pays comme la Suède, où elle est criminalisée: davantage de harcèlement de rue et au travail, les femmes doivent accepter que leurs maris fréquentent les bordels, d’où risque de MSTs, insécurité dans certains quartiers, objectification des femmes et misogynie normalisées etc. Elle légitime la vision machiste des femmes comme dénuées de désirs sexuels propres et n’ayant de sexualité qu’à titre de simples performatrices des exigences sexuelles masculines. L’impact sur la situation générale des femmes est négatif. La prostitution étant intrinsèquement misogyne, violente, sexiste et raciste, elle encourage et diffuse inévitablement ces comportements dans toute la société.
