LOIS SUR LE VIOL : LES CAD
LOIS SUR LE VIOL : LES CADEAUX EMPOISONNES DU PATRIARCAT
Par Francine Sporenda
« En France comme dans la plupart des pays occidentaux et suite aux actions menées par les féministes de la deuxième vague, plusieurs lois de protection des femmes contre les violences sexuelles ont été intégrées au Code pénal par étapes successives (1980, le viol est reconnu comme un crime, 1992, les lois sur le viol conjugal et sur le harcèlement sexuel sont adoptées.)
L’idée communément admise chez les féministes est que ces législations représentent des avancées importantes dans la lutte contre les violences, et que la loi ayant ainsi posé clairement l’interdit et rendu inacceptable ce qui était autrefois accepté, un boulevard est ouvert au changement des mentalités, celui-ci devant immanquablement suivre comme il a suivi pour la loi Badinter abrogeant la peine de mort. Il ne resterait plus alors aux féministes qu’à s’engager sur ce boulevard et à s’employer à faire advenir ce changement, par un travail de conscientisation et de pédagogie. Cette évolution des mentalités est vue comme longue et difficile mais inévitable, il faut juste être patientes, les choses vont dans la bonne direction, les droits des femmes vont dans le sens de l’histoire.
Pourtant, trente ans après, ces lois ne semblent pas avoir entrainé l’évolution des mentalités attendue : le viol est toujours un crime de masse, le nombre d’affaires de viol sanctionnées par la justice reste désespérément bas : seulement 1 viol sur 10 ferait l’objet d’une plainte, sur ces 10%, environ 2 à 3% des plaintes aboutiraient à un jugement, et seulement 1% à une condamnation. Autant dire que le viol reste un crime impuni, un violeur ayant à peu près autant de chances d’être condamné à de la prison ferme que de gagner au loto.
Bien plus, on note que les peines prononcées récemment par les tribunaux sont de plus en plus légères : moins de prison ferme, davantage de sursis (y compris pour des affaires de pédophilie et d’inceste), des dommages et intérêts comparativement bas. Un exemple récent : les 40 000 Euros de dommages intérêts alloués dans le cas d’un enfant victime d’abus sexuels pendant des années, à mettre en parallèle avec les 50 000 Euros obtenus par un avocat célèbre qui s’était cassé la clavicule en glissant dans la salle de bains de sa chambre d’hôtel.
Le constat est inévitable : l’effet d’entraînement des lois n’a pas eu lieu, les mentalités n’ont pas significativement évolué, la culture du viol est toujours en place, en fait plus virulente que jamais à cause du porno, et l’immense majorité des hommes coupables de viol n’auront jamais de comptes à rendre à la justice.
Les raisons de cet échec sont nombreuses. Il y a d’abord la question des moyens matériels: le nombre total de viols annuel étant estimé – estimation très difficile à effectuer – dans une fourchette de 75 000 à 120 000, il est clair que les tribunaux habilités à juger ces crimes, les cours d’Assises, sont incapables de traiter ne serait-ce que le quart de l’estimation basse de ce nombre annuel de viols : ces tribunaux ne peuvent juger au maximum que 2 200 affaires par an, et ils sont déjà complètement saturés.
Pour les « désengorger », beaucoup d’avocats proposent systématiquement à leurs clientes victimes de viol une pratique devenue courante qu’on appelle la correctionnalisation : le viol, que le Code pénal définit comme un crime, est déqualifié en simple agression sexuelle—ce qui fait disparaître l’atteinte même qui constitue sa définition, c’est-à-dire la pénétration.
Une agression sexuelle n’est qu’un délit, et comme telle justifiable du tribunal correctionnel. Les avocats justifient le recours à la déqualification par différents arguments : que le traitement de l’affaire serait plus rapide, que le processus serait moins traumatisant pour les victimes, que les juges professionnels des TCI seraient plus sévères que les jurys d’assises.
D’abord, ces arguments sont spécieux : si effectivement le traitement des affaires de viol est plus rapide en correctionnelle, il n’est pas sûr que les juges des TCI, blasés par un défilé de faits divers triviaux au niveau duquel le viol se trouve réduit par la correctionnalisation, fassent en effet preuve de plus de sévérité. Et qu’est ce qui est plus traumatisant pour une victime de viol : un procès aux assises où l’atteinte subie est reconnue comme un crime, et la gravité du trauma ainsi causé sanctionnée par des dommages et intérêts substantiels ou un procès au correctionnel, où le violeur est jugé en deux heures entre un voleur de portables et un dealer de cannabis ?
Mais surtout, la correctionnalisation constitue en fait une violation « légalisée » de la loi : le viol est un crime et le réduire à un simple délit est une violation des droits de la victime à qui le Code pénal garantit un procès aux Assises (2). C’est aussi une négation du principe d’égalité des citoyens devant la justice : plus de 50% des viols sont ainsi correctionnalisés–alors que la correctionnalisation est rare pour les autres crimes. Et surtout, comme l’immense majorité des victimes sont de sexe féminin, le recours systématique à la correctionnalisation pour les affaires de viol constitue en soi une discrimination genrée : les femmes violées sont traitées en sous-citoyennes qui n’ont droit qu’à une « justice au rabais » .
Discriminatoire, la correctionnalisation l’est aussi parce qu’en minimisant les violences infligées, elle favorise automatiquement les accusés– qui sont à 98% des hommes. D’ailleurs, les avocats de la défense, qui ont le droit de refuser la correctionnalisation, ne la refusent jamais, tant il est clair qu’en réduisant la gravité des faits qui sont reprochés à leur client, elle réduit aussi celle de la condamnation qu’il peut encourir. Pire encore : si le violeur condamné une première fois pour simple agression sexuelle commet un nouveau viol, il ne sera pas considéré par la justice comme violeur récidiviste ! Par contre, la minimisation des atteintes subies par la victime entraînera nécessairement la non-reconnaissance des conséquences négatives sur santé physique et mentale, sur son travail, etc. Et une réduction des compensations financières qu’elle peut obtenir. La correctionnalisation est donc bien une solution avantageuse– mais pour le système judiciaire et les accusés, pas pour les victimes.
Mais la correctionnalisation n’est que la partie émergé de l’iceberg d’un problème plus fondamental : le fait que les personnels judiciaires et policiers chargés d’appliquer ces lois baignent dans la culture du viol, qu’ils adhèrent aux mythes qu’elle véhicule, et que ces mythes ont essentiellement pour fonction d’occulter ces crimes, ou de déresponsabiliser les agresseurs en culpabilisant la victime ( ex : les « vrais viols » sont commis seulement par des inconnus la nuit dans des parkings, quelque chose dans le comportement de la victime a déclenché l’agression etc.)
Le comportement de ces personnels dans les affaires de viol en est nécessairement affecté et leur adhésion à ces mythes se traduit par des attitudes de blocage, de déni voire d’hostilité vis-à-vis des victimes tout au long de la procédure : refus d’enregistrer les plaintes, d’effectuer les investigations nécessaires pour rassembler les éléments pouvant étayer l’accusation (d’où classement sans suite), mise en doute de leur parole, multiplication des expertises etc. Confier l’application des lois censées protéger les femmes contre les violences sexuelles à des individus qui adhérent aux mythes qui les justifient (voire qui s’en sont eux-mêmes rendu coupables) revient à organiser leur sabotage.
Cette culture du viol n’impacte pas seulement le modus operandi des individus chargés d’appliquer les lois, elle inspire les principes mêmes de l’enquête et de l’instruction. Ceux qui les ont conçus ont été guidés par différentes considérations, parmi lesquelles l’impératif de protéger les victimes et de leur rendre justice a été secondaire par rapport à celui de protéger les hommes contre les fausses accusations. Contre ces fausses accusations, de multiples garde-fous ont été mis en place : en particulier les différentes expertises—enquête de personnalité, expertise médicale, expertise psychiatrique–auxquelles la victime de viol est soumise pour évaluer la crédibilité des accusations qu’elle porte. Ces enquêtes et expertises entraînent des intrusions indiscrètes et humiliantes dans sa vie privée, suivies du déballage voyeuriste de celle-ci en audience, dans un contexte de mise en doute systématique de sa parole lors de l’enquête policière et de l’instruction. Le violeur, lui, n’est soumis à aucune de ces épreuves : sa fiabilité n’est pas testée, et la connaissance de sa vie passée (sauf condamnations) n’est pas censée être pertinente pour informer la décision des jurys d’assises. Il y a là un double standard manifeste : dans un procès d’assises, ce n’est pas lui qui est l’accusé, c’est la victime.
Ces investigations multiples ciblant la victime procèdent du postulat qui fonde la démarche des enquêteurs et des juges d’instruction dans les affaires de viol : le fait que sa version est a priori suspecte, bien que les fausses accusations soient très rares (seulement 2 à 3% des affaires de viol faisant l’objet d’une plainte, la même proportion que pour d’autres types de crime.) Cette suspicion systématique procède en droite ligne de l’antique préjugé misogyne selon lequel, les femmes étant perfides et menteuses de nature, leur témoignage en justice est sans valeur—à moins qu’il ne soit validé par un homme.
On a ainsi choisi d’axer le traitement des affaires de viol sur la prévention d’un risque rarissime –les fausses allégations– et d’ignorer le problème qui est la norme : la non-judiciarisation de la quasi-totalité des viols. Ce schéma où la version de la victime est a priori mise en doute n’existe d’ailleurs pour aucun autre type de crime. De même, son consentement aux relations sexuelles est toujours postulé, c’est l’hypothèse par défaut posée au départ de l’enquête, et c’est à la victime et à ses avocats de prouver l’absence de consentement –alors que dans la législation canadienne par exemple, c’est à l’agresseur d’apporter la preuve du consentement de la victime (charge inversée.) Pire encore : bien que le consentement d’un/E mineur/E soit légalement non valide, il arrive que ce consentement soit néanmoins affirmé dans des affaires de viol— autre violation de la loi par ceux qui sont chargés de l’appliquer.
Discrimination toujours le fait qu’environ 80% des plaintes pour viol sont écartées comme « sans suite » lors de l’enquête de police, la justification de ces abandons nombreux étant le manque d’éléments pour étayer la plainte. Comment se fait-il qu’il soit impossible de trouver des preuves suffisantes pour 8 viols sur 10 ? Cette proportion de plaintes classées sans suite étant aussi très supérieure au pourcentage de classement sans suite pour les autres types de crimes, on peut supposer que les policiers ne font pas d’excès de zèle pour ce qui est de rassembler ces éléments—et/ou que les exigences en matière de preuves pour ce crime particulier sont excessivement élevées.
Le résultat de cette approche axée sur la protection des accusés masculins et la suspicion systématique à l’égard de leurs victimes a été de faire du dépôt de plainte pour viol un véritable parcours du combattant pour celles-ci. Les étapes de ce parcours vont des récits de son viol qu’on lui demande de répéter X fois, en passant par les expertises médicales/gynécologiques pénétratives et humiliantes, les enquêtes de personnalité faites par les policiers auprès des connaissances de la victime à son insu, les expertises psychiatriques souvent biaisées ou fantaisistes, les confrontations traumatisantes avec l’agresseur durant l’enquête et durant le procès, les intimidations et les maltraitances institutionnelles diverses, pour culminer par la destruction méticuleuse de son témoignage et de sa réputation par l’avocat de la défense lors des audiences. Une victime de viol passée par les Assises m’a dit qu’elle s’était sentie comme un taureau lardé de banderilles et finalement estoqué en public lors du procès. Et le harcèlement continue en aval : menaces de la part de l’agresseur et de sa famille, que les victimes continuent souvent à côtoyer, crainte de sa vengeance une fois sorti de prison.
L’expression « re-victimisation », couramment utilisée par les féministes pour décrire ce processus, ne rend compte qu’imparfaitement de son caractère traumatisant : non seulement les interrogatoires répétés et harcelants ré-exposent la victime à des comportements masculins agressifs, infériorisants et déshumanisants—car ce sont majoritairement des hommes qui la « grillent »–mais plusieurs de ces étapes constituent un véritable redoublement du viol : la non-prise en compte de sa parole par la justice redouble le fait que le violeur ne l’a pas entendue, les examens médicaux vaginaux prescrits parfois hors de toute nécessité sont la répétition physique du viol lui-même, les confrontations avec l’agresseur réactivent la terreur intense ressentie durant l’agression, l’inquisition des psychiatres cherchant à pénétrer ses structures psychiques est ressentie comme invasive et le déballage de sa vie privée par l’avocat de la défense est une mise à nu symbolique fortement teintée de voyeurisme. Cerise sur le gâteau, certaines législations dans des états américains prévoient même que le « rape kit » utilisé pour collecter des indices matériels du viol soit payé par la victime—et ils coûtent plusieurs milliers de dollars.
Comment expliquer que des lois censées être pro-femmes soient à ce point discriminatoires et misogynes ? Pour répondre à cette interrogation, les féministes matérialistes font appel au concept marxiste opposant droits réels et droits formels. Les lois étant (dans cette approche) les instruments du pouvoir des classes dominantes, elles n’accordent certains droits à des catégories discriminées qu’en leur refusant l’accès aux moyens qui en conditionnent l’exercice, ce manque de moyens garantissant que ces droits resteront purement symboliques. C’est le cas des lois sur le viol, crime trop fréquent pour que les moyens limités de la justice puissent le traiter comme tel. Mais le manque de moyens n’est qu’une explication superficielle : même lorsque les plaintes donnent lieu à un procès, des exemples récents mettent en évidence que si le Code pénal définit le viol comme un crime, il continue à être perçu et jugé comme un délit.
Dans l’analyse matérialiste, les droits formels servent essentiellement à la création d’une illusion démocratique : ils sont mis en vitrine pour convaincre les classes dominées qu’elles ont obtenu l’égalité et que leur combat n’a plus de raison d’être : « mais qu’est-ce qu’elles veulent encore ? ». Le discours dominant dit que le féminisme, avec le vote de ces lois « pro-femmes », aurait atteint ses objectifs. Les féministes matérialistes prétendent au contraire que ces lois ne seraient que des leurres, des trompe l’œil destinées à occulter le caractère fondamentalement inégalitaire du système et la permanence de l’oppression patriarcale.
Les féministes « mainstream », elles, tirent de l’observation de ce fonctionnement judiciaire discriminatoire des conclusions différentes : les lois sur le viol sont encore sexistes, mais le mouvement féministe, en faisant pression sur le système, peut obtenir que les droits formels deviennent peu à peu des droits réels : il faut faire confiance au processus démocratique, ces défauts ne sont pas rédhibitoires, le système n’est pas bloqué, il peut évoluer et –comme la main invisible du marché—il peut se policer et se corriger tout seul.
Elles reconnaissent que la victime de viol est « re-victimisée » par la justice mais elles considèrent que cette re-victimisation n’est pas vraiment systémique, il ne s’agirait que dysfonctionnements et de biais sexistes inconscients. Il suffirait alors de mettre en lumière l’existence de ces biais pour que, ayant ainsi réalisé comment ils font obstacle à une justice vraiment équitable, les législateurs se repentent et amendent les lois sur le viol de façon à ce qu’elles ne protègent plus les violeurs.
Ces analyses « positivantes » et inclusives style Emma Watson postulent que ceux qui sont à l’origine du problème peuvent contribuer à sa solution. Malheureusement, elles reposent sur une incompréhension fondamentale de la réalité du patriarcat. Les multiples obstacles et épreuves imposées à la victime ne sont pas des erreurs regrettables, ce sont les éléments d’un projet cohérent, visant des objectifs précis : le filtrage opéré lors de l’enquête et de l’instruction a pour but l’élimination d’un maximum de plaintes ; ne sont ainsi retenus qu’un nombre minime de viols, qui seuls seront considérés comme de « vrais viols » à l’exclusion de tous les autres.
Pour qu’un viol soit reconnu comme tel, il devra satisfaire de multiples critères : que la victime ne connaisse pas l’agresseur, qu’elle ne l’ait pas reçu chez elle ou soit allée chez lui, qu’il y ait eu violence et qu’elle ait résisté, qu’elle n’ait pas été en minijupe, prostituée ou sexuellement active/non monogame—(pour écarter le présupposé du consentement). Qu’elle n’ait pas d’antécédents de troubles mentaux, de toxicomanie, d’alcoolisme, ou de passé délictueux (pour écarter le présupposé du mensonge), etc. En fait, le vrai viol doit coïncider aussi exactement que possible avec les stéréotypes du mythe sur le viol. Et comme il est le seul type de viol reconnu par la justice, il sert en retour à les conforter.
A cette liste standard peuvent venir s’ajouter les critères des psychiatres, parfois dérivés de théories de référence contestables voire de préjugés personnels. Ainsi dans une affaire récente, un expert avait affirmé qu’il ne pouvait y avoir eu viol parce que la victime était revenue sur les lieux, ce qui selon lui était psychologiquement impossible !
Les rares viols « passant le test » ont ainsi valeur de « token rape », de même que les rares femmes admises dans les groupes où les hommes dominent de façon écrasante jouent le rôle de « token woman » : la fonction du « tokenism » est de créer l’illusion que les droits formels sont/peuvent devenir des droits réels. La condamnation d’un petit nombre de violeurs fait passer le message que, même si c’est encore de façon insuffisante, le viol est puni. Et que ces trop rares condamnations vont conduire à d’autres, qu’elles sont la preuve que le système peut être amélioré petit à petit sans être radicalement changé. Ce qui amène les femmes à croire à la capacité –et surtout à la volonté—du patriarcat de se réformer, les dissuade de chercher à s’en libérer par d’autres moyens—et aboutit à le consolider.
Mais la visée principale du traitement institutionnel du viol est plus perverse : il s’agit au final de faire d’un procès pour viol une série d’épreuves que la victime doit surmonter pour obtenir justice. Un procès pour viol se gagne au finish, c’est une épreuve d’endurance et un processus d’élimination : au terme d’une sélection sévère, seules 1% des victimes franchiront tous les obstacles et atteindront la ligne d’arrivée. Et les téméraires qui auraient l’audace d’aller jusqu’au bout du processus ont de fortes chances de voir leurs efforts et leurs souffrances déboucher sur un non-lieu, ou au mieux sur du sursis. Une fois le verdict rendu, le déséquilibre flagrant entre l’énormité de l’énergie dépensée dans ce parcours d’obstacles et la modicité de la sanction infligée doit amener la victime à conclure qu’elle a eu tort de faire appel à la justice et à regretter de l’avoir fait. C’est la leçon que tirent beaucoup de victimes de viol qui sont allées jusqu’au procès : si elles avaient su dans quoi elles s’engageaient, elles auraient gardé le silence. C’est ce qu’a déclaré la jeune fille violée par Roman Polanski quand elle avait 13 ans : selon elle, le procès a été pire que le viol, et si elle avait à choisir, elle préférerait revivre le viol plutôt que le procès.
Du vécu des victimes, il est clair que le processus a été conçu de façon à faire d’un procès une véritable ordalie, un processus si traumatisant qu’il
- dissuaderait les victimes de viol d’aller en justice—et serait une menace et un avertissement pour les autres
- punirait par un harcèlement judiciaire prolongé et multiforme celles qui oseraient néanmoins s’y risquer.
C’est à dessein que j’emploie le mot « ordalie » : la façon dont la justice actuelle traite les victimes de viol fait penser à la façon dont l’Inquisition traitait les femmes accusées de sorcellerie lors du gynocide historique de la chasse aux sorcières. Les analogies sont frappantes : des femmes a priori considérées comme coupables car ne se conformant pas aux normes patriarcales, soumises par des hommes à une multitude d’épreuves à fort contenu érotico-sadique pour prouver leur innocence. Suspectées de crimes imaginaires n’existant que dans les fantasmes masculins. Et le traitement qui leur était infligé visait à (selon un inquisiteur nommé Bodin) à « frapper d’effroi certaines par la punition des autres, pour préserver certaines d’être infectées par d’autres, et pour réduire le nombre des insoumises… »
Qu’un procès pour viol soit un parcours d’obstacles est voulu pour que ce crime ne soit puni qu’exceptionnellement : la protection accordée aux femmes par la loi est ainsi illusoire. Mais en plus le fait que seuls les viols exceptionnels soient punis invisibilise les viols ordinaires, quotidiens, ceux qui se comptent par dizaine de milliers – ceux qui sont commis par personne de connaissance. L’alignement des critères judiciaires définissant le viol sur les mythes du viol fait que l’immense majorité de ceux-ci passe sous le radar.
Cette impunité de l’immense majorité des viols par personne de connaissance donne de facto aux amis, amants, compagnons et maris un permis de violer impunément leurs compagnes. Elle leur confère un droit d’accès sexuel inconditionnel et permanent aux femmes qui leur sont proches et refuse à celles-ci le droit de leur refuser ou de leur reprendre cet accès. Contrainte sexuelle qui était autrefois explicite dans les termes mêmes du contrat de mariage : une épouse ne pouvait se refuser à son mari, et le viol entre mari et femme (et concubins) n’existait pas. La loi protège ainsi le droit des hommes à violer « leurs » femmes. Ce qui est un héritage direct de la définition archaïque du viol : dans les sociétés traditionnelles, celui-ci ne pouvait consister qu’à s’approprier sexuellement la femme ou la fille d’un autre homme—pas la/les siennes.
Telles qu’elles sont appliquées, les lois punissant le viol sont objectivement des instruments du pouvoir patriarcal visant à réprimer et à contrôler celles qu’elles sont censées protéger. Touche finale de ce détournement pervers : les victimes sont incitées à porter plainte—pour démontrer l’utilité de la loi, pour encourager d’autres victimes à le faire, pour faire avancer les droits des femmes—et sont matraquées par l’institution judiciaire si elles le font : double injonction contradictoire. D’ailleurs, cet effet boomerang est caractéristique des lois censées protéger les femmes (et les enfants) : la loi sur le harcèlement sexuel, avec la disposition qui permet à l’accusé de se retourner contre son accusatrice et de l’attaquer en justice pour diffamation, a été conçue exactement sur le même schéma dissuasif. Les lois de protection des fœtus ne visent qu’à resserrer le contrôle masculin sur les femmes. Et la loi récente sur la garde alternée, sous prétexte de répartir plus équitablement les responsabilités parentales entre le père et la mère en cas de divorce, replace les enfants et la mère sous l’emprise et l’autorité du père et les expose encore plus aux violences masculines.
De même que la « libération sexuelle » a eu surtout pour conséquences de maximiser la disponibilité féminine au « droit au coït » masculin, tout en diversifiant à l’infini les pratiques sexuelles actant ce droit. De même que la libéralisation du divorce a permis aux hommes de transférer presque totalement aux femmes la charge des enfants après une séparation et en particulier de se délester sur elles des responsabilités financières qu’ils assumaient autrefois . Au XIXème et même XXème siècle, des maris faisaient « soigner » –et enfermer — leur femme « hystérique » dans des asiles psychiatriques, des pères faisaient exciser leur fille par des médecins pour la « guérir » de sa « nymphomanie » ou de ses pratiques masturbatoires.
Dans les sociétés patriarcales, tout, même ce qui est présenté comme bénéficiant aux femmes, peut être retourné contre elles : les lois dites « protectrices » finissent en instruments de répression destinés à punir et à dissuader celles qui contesteraient la domination masculine et les droits qu’elle confère (en particulier l’accès aux orifices « sexuels » des femmes et la propriété de leurs utérus). Tout ce qui vise apparemment à punir les violences envers les femmes constitue en fait une violence supplémentaire envers elles. La soi-disant « protection » patriarcale des femmes par les hommes n’est qu’une démarche visant les asservir et à les contrôler plus complètement en prétendant que c’est « pour leur bien ». Comme dans le truc policier de l’interrogatoire par le « good cop » et le « bad cop », l’agresseur et le protecteur ont partie liée, ils sont les deux faces du même système, en fait ils sont une seule et même personne.
Il n’y a donc pas lieu pour les féministes de se réjouir automatiquement d’une « nouvelle avancée des droits » quand de telles lois sont votées.
Il ne faut pas y voir nécessairement un recul patriarcal, mais au contraire un redéploiement stratégique, une mutation par lesquelles des moyens d’asservissement obsolètes sont abandonnés et remplacés par d’autres plus adaptés au contexte moderne. Cette remarquable adaptativité du patriarcat et sa facilité à muter est ce qui lui permet—comme le capitalisme—de survivre à tout. Et en particulier au féminisme : car non seulement celui-ci ne lui a pas porté de coups décisifs mais la nouvelle victoire du patriarcat est—comme on le voit par le vote de ces lois « féministes »– d’avoir réussi à recruter le féminisme dans sa guerre contre les femmes.
A l’époque « deuxième vague », le féminisme, c’était relativement simple : celles/ceux qui défendaient les droits des femmes étaient à l’intérieur du mouvement, ceux qui étaient contre étaient à l’extérieur. C’est maintenant beaucoup plus confus : le patriarcat néo-libéral ne vise plus simplement à coloniser les corps et les cerveaux féminins, son nouvel objectif est de coloniser le féminisme lui-même.
Il ne s’agit plus de s’attaquer au mouvement féministe et à ses idées mais au contraire de lui apporter une adhésion de façade dans le but de l’infiltrer. C’est le féminisme néo-libéral « mainstream » qui est le vecteur de cette infiltration lorsqu’il reprend des thèses masculinistes soutenues au nom de l’égalité des droits (droits des pères, garde alternée) ou des concepts fondamentaux du féminisme en détournant leur sens (mon corps est à moi = j’ai le droit de le vendre.) Les logiciels féministes fondamentaux sont ainsi infectés par des « virus virilistes » , non reconnus comme « spyware », ils peuvent ensuite contaminer le reste du mouvement, c’est ainsi que des concepts comme le « travail du sexe » qui auraient été inacceptables pour les féministes des 70s ont pu s’y propager peu à peu. Et que des mouvements dont l’objectif était de s’en libérer se trouvent replacés sous emprise idéologique patriarcale.
Concrètement, cette reconquista patriarcale s’effectue par
- des groupes soi-disant féministes mais en fait alignés sur des positions patriarcales : associations d’aide aux victimes d’inceste ou de pédophiles qui en réalité les mettent en contact avec des agresseurs pour les livrer à de nouvelles agressions, des associations défendant les droits des mères mais entretenant des contacts avec des groupes masculinistes du type SOS papas, des « syndicats » de travailleuses du sexe noyautés par des proxénètes –et même, concept hallucinant–, des mouvements féministes dirigés par des hommes.
- une certaine approche de l’intersectionnalité : il s’agit d’associer aux mouvements féministes des mouvements androcentrés, destinés d’une part à en reprendre le contrôle (tout mouvement politique où figurent des hommes finit toujours par s’aligner sur leurs objectifs) et d’autre part, comme le nom l’indique, à diviser l’oppression subie par les femmes en une série de sections, qui permettent de dresser les féministes racisées contre les féministes blanches, les féministes des classes populaires contre les féministes bourgeoises etc. Ceci en occultant que ce sont toujours et uniquement des hommes qui sont à l’origine de ces différentes formes d’oppression.
- Certains transactivistes MTFs, tels des « special operations » du patriarcat envoyés en mission derrière les lignes féminines : chargés de pénétrer dans les derniers espaces « female only » interdits aux hommes, des toilettes aux festivals lesbiens. Histoire de ne tolérer aucun espace où les femmes puissent être entre elles, sans mâles et à l’abri de leurs agressions.
C’est clairement le schéma à l’œuvre derrière toutes ces stratégies de reprise en main : ne jamais tolérer que des femmes soient seules entre elles, ne jamais les laisser se réunir et s’organiser hors de tout contrôle masculin ; ne jamais permettre que leurs énergies soient dirigées vers elles-mêmes, toujours les rediriger vers les hommes : le parasite craint par-dessus tout que son hôte lui échappe, car c’est une sentence de mort pour lui. L’accès masculin aux ressources féminines ne doit jamais être menacé, c’est l’impératif patriarcal par excellence.
Ces législations « pro-femmes » peuvent avoir quelques retombées positives pour celles à qui elles sont destinées : le patriarcat redonne à ses esclaves, pour qu’elles se tiennent tranquilles, des miettes de ce qu’il leur a pris. Néanmoins, dans un contexte resté profondément patriarcal, et a fortiori quand rien n’est fait pour que les mentalités évoluent, les lois de « protection des femmes » doivent a priori susciter la méfiance. Dans des sociétés qui reposent sur l’inégalité des sexes et l’appropriation masculine du travail, des services et des énergies des femmes– et qui s’effondreraient sans les énormes contributions non rétribuées de celles-ci– il est peu probable que les bénéficiaires de cette appropriation cherchent sérieusement à y mettre fin. Et les lois étant essentiellement faites par les dominants pour protéger leurs intérêts, il est vain d’attendre que les moyens par lesquels on nous réduit en esclavage au service de ces intérêts puissent servir à nous libérer. Toute addition « féministe » à l’édifice législatif patriarcal se révèle donc généralement un cadeau empoisonné qui ne fait qu’ajouter des chaînes à nos chaînes. »
Francine Sporenda
Sur la correctionnalisation nous renvoyons comme au début de l’article aux travaux remarquables de la juriste Azur Schmitt : merci de visiter le site qui référence ses articles : http://lacorrectionnalisationduviol.wordpress.com/. Vous pouvez aussi consulter sa page Facebook (et la suivre également sur twitter : @Azur_Schmitt)
Virginia Pele
Merci pour cet état des lieux. Je voudrais juste réagir sur un point récurrent dans le texte. Les problèmes sont justement soulevés, mais il manquerait quelques nuances par rapport à une scission nette et affirmée entre deux ‘blocs’ ‘mainstream’ et ‘matérialistes’ qui ne semblent pas permettre d’entrevoir des alternatives outre qu’entre irénisme ou le retrait et la condamnation systématique. Lorsque vous affirmez : « Il ne faut pas y voir nécessairement un recul patriarcal, mais au contraire un redéploiement stratégique, une mutation par lesquelles des moyens d’asservissement obsolètes sont abandonnés et remplacés par d’autres plus adaptés au contexte moderne. », cela revient à admettre les mêmes postulats qu’une tendance libérale qui ne voit dans le droit qu’une fonction figurative. De même qu’il n’y a pas tant de droit ‘formel’ que de droit ‘réel’. C’est une fois de plus penser le droit de manière figée dans un processus qui est précisément en contradiction avec un investissement démocratique et donc délibératif de la justice. Il faudrait donc concevoir le droit dans sa fonction politique et mobilisé par des actrices non institutionnelles. La ‘juridicisation’ accrue du politique en est et en serait peut-être une illustration et une alternative si elle venait à se généraliser. C’est-à-dire que le droit est mobilisé par des actrices pour faire valoir un tort et contribuer potentiellement à son renouvellement. Le cas du Procès de Bobigny par exemple, mais l’on pourrait d’autant plus l’envisager pour la reconnaissance des féminicides étant donné l’inefficacité manifeste des instances judiciaires. Un procès politique de principes si l’on peut dire, au sein de l’arène judiciaire. Et cela permettrait aussi d’éviter la captation néolibérale du droit au regard des outils juridiques mobilisés par référence aux principes fondamentaux notamment.
Dans la mesure où l’on ne peut pas nier que les droits des femmes sont une avancée, ou plutôt une ‘brèche’ au sein du patriarcalisme persistant, ils ne sont pas un point d’arrivée. Les Etats de droit ne sont pas des systèmes clos justement parce que les femmes ont manifesté et substantialisé les principes déclarés. La loi est toujours remise en question, discutée, voire même renouvelée – et l’on ne peut pas simplement la disqualifier parce qu’une classe prétend en détenir le monopole. De fait, elle instaure un nouvel ordre parce qu’elle est portée par les citoyennes en action et vigilance, d’où sa fonction symbolique effective si l’on peut dire. Il faut sortir des carcans libéraux et marxisants enfermant les actrices dans un tout immuable. Les droits des femmes ne sont pas des concessions bien gentilles des dominants, elles sont le fruit de luttes politiques importantes qu’il convient de poursuivre. Les luttes ne sont pas application d’une théorie dont on pourrait prévoir toutes les conséquences. Il y a des contingences historiques, sociales etc. Il n’empêche que les citoyennes et les associations féministes doivent y faire face. Et cela ne peut se faire qu’en investissant et confrontant activement et en rupture les autorités – ce qui s’inscrirait dans ce que certains aiment à appeler les ‘transformations de l’action publique’. S’il y a redéploiement stratégique de pratiques patriarcales, il doit définitivement y avoir innovation politique et stratégique des actrices. Et contre le droit de décoration et de consommation que les libéraux et néolibéraux aiment à manipuler, il y aurait « l’arme du droit » (même si cette expression de L.Israël, est discutable) mobilisée par les citoyennes.
http://beyourownwomon.wordpress.com/2013/08/09/contre-limpunite-des-feminicides-2/
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Lise Bouvet
merci beaucoup pour ce commentaire très inspiré et développé Virginia, je suis entièrement d’accord avec toi…Néanmoins l’analyse lucide et implacable de Francine appelle un renouvellement concret des réponses féministes radicales à ce naufrage judiciaire il me semble.
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bonheuretamour
Alleluiah ! Enfin une femme qui voit clair !
Admirable article, qu’on ne saurait trop louer ! Je partage !
Oui, la majorité des femmes sont de fausses « féministes » qui avalent comme du petit lait les corneries dont les hommes les nourrissent et les dégoisent en toute ignorance et imbécillité !
C’est à demander à quoi ça sert de leur avoir appris à lire et à écrire !
Oui, les femmes sont les gardiennes de la tradition … une tradition qui les spolie et les infériorise !
On voit bien cette complicité des femmes avec ce qui les spolie, dans le fait suivant ; quand je poste un article sur les liaisons avec un homme marié (ça ne profite qu’à EUX, pourtant !), je me fais incendier par les femmes au nom de « Pouah ! De la morale ! » ou « Personne n’appartient à personne » (! ) – alors qu’on sait que la relation sexuelle génère naturellement de l’ocytocine (hormone de l’attachement) – sans parler de l’impact ETERNEL – voir le résultat de l’enquête du Dr Ana Nogales ; « how children are impacted by marital infidelity ») de l’infidélité d’un parent sur les enfants !
Et surtout, les privilégiées (=celles qui ont eu le bol de naître dans une famille +- normale et aimante, et/ou de ne pas croiser la route d’un prédateur) ne pigent pas du tout ce qu’est la vie de celles qui n’ont pas eu cette chance –là !
Elles sont à 1000 années-lumière de comprendre quoi que ce soit au vécu de leurs sœurs moins chanceuses et se permettent de se croire supérieures (c-à-d plus malignes ou vertueuses) et de les regarder de haut !
Sans compter les connes nunuches qui ne se soucient que de minceur, de jeunesse et de beauté…
Je connais bien ce problème ; Moi, ma sœur et mes copines avons bien sûr été plusieurs fois violées, mais sachant comment ça se passe dans cette société, et n’ayant pas envie de subir une agression supplémentaire aux mains des flics ou des juges, aucune n’a jamais porté plainte pour ce motif.
J’ai subi durant 35 ans les attaques d’un PN – qui m’a fait bouger le coccyx, m’a shootée dans le ventre à 6 mois de grossesse (ma fille est née 3 mois plus tard, mais est ensuite morte à 6 semaines « de la mort subite du nourrisson »), ne m’a jamais payé un sou de pension (pourtant due) ce qui fait qu’on a vécu dans la misère alors qu’il habite un château, etc… Cet ingénieur riche, sympathique et bien intégré (Eric Bernard Jean Philippe Willems) n’a JAMAIS été inquiété… Et bien entendu, mes plaintes à la police sont restées lettre morte… J’ai attendu souvent dans leurs halls d’entrée, pour être ensuite engueulée, ou moquée, ou qu’ils refusent de noter ma plainte, etc…
Et ce sont les femmes les plus dures… J’ai chez moi le livre « Cette mâle Assurance » (de Benoîte Groult) ; un livre entier d’insultes misogynes de tous pays & époques ; eh bien, les pires proviennent de femmes !
Elles ont des « excuses » pourtant… On a vu la profonde déchéance et mépris de soi des Indiens soumis, aux USA, et ce, après 100 ans d’oppression…Alors, que dire de 7000 ans ?
Pourtant, un fait fait réfléchir ; chez les chimpanzés, les mâles de mauvaise humeur (quand il pleut, par ex), tapent sur les femelles & les jeunes … Mais chez les bonobos, rien de tel ; en effet, quand un mâle veut s’en prendre à une femelle, toutes les autres femelles la défendent et mettent le méchant en fuite.
Il est étonnant de constater que les droits des femmes se font défendre par des hommes (moins influencés par les préjugés, sans doute ; il n’y a qu’à voir sur Youtube les videos US sur la « pornography addiction ».
Mais bien sûr, ici, les mecs en sont restés « à l’ancienne mode » et ils réagissent mal à mes articles, disant que je ne sais pas de quoi je parle, que je suis une aigrie parlant seulement de son propre cas, ou arrogante, que je me prends pour Dieu ( !), que mes écrits sont mensongers, … et surtout, que c’est sexiste ; qu’il y a aussi des femmes PN (ce que je n’ai jamais nié) ou qui battent leur homme, ou qui quittent, …
Mais il faut parler, non des faits marginaux (pourcentage minime de cas), mais bien de ce qui est écrasant, de ce qui est un véritable problème de société, affectant des centaines de millions d’êtres (de femmes & d’enfants) dans le monde !
Il n’y a pas de comparaison entre les 97% de maux dus aux hommes (même s’ils ont des « excuses » -des excuses qui expliquent, mais n’excusent rien, en fait !) et les 3% dus aux femmes.
Bien que je ne m’appuie que sur des FAITS, des femmes défendent ces théories stupides et gynocides ! Une fois de plus, « le sot ne voit pas la Voie, quand bien même il serait en train de marcher dessus » ! Du reste, je m’étonne que vous n’ayiez pas reçu plus d’injures suite à cet article véridique ! « celui qui dit la vérité doit avoir le pied à l’étrier » !
-Voir ce documentaire (pour les Français, je rappelle que cette fille n’est pas francophone, mais Flamande – & aussi que la présentatrice du JT est d’origine wallonne – en clair ; moi ou ceux que je connais, ne parlons pas ainsi ) ;
Harcèlement de rue (Femmes de la rue, par Sofie Peeters) : https://www.youtube.com/watch?v=TazhIzP5cx8
Et ces stupides femmes osent affirmer que maintenant, on a l’égalité !!!
Aussi, cet article de 2013 ; Chasse aux sorcières : http://www.bonheuretamour.com/chasse-aux-sorcieres-moderne/
C’est fort long.. mais je possède un dossier de plus de 100 pages sur le sujet (car j’y ai été confrontée), avec des centaines de liens intéressants – et des récits qui soulèvent le cœur et révèlent le vrai visage de nos soi-disant « démocraties » !
Il faut parler de cette moderne version de la chasse aux sorcières (car les documents disparaissent), des tortures horribles, des mises à mort sans possibilité de défense (EN VOTRE ABSENCE, on vous juge, en votre absence, on décide de votre sort et de celui de vos petits – de leur vie et de leur bonheur !), et qui en plus, s’étalent dans le temps, au lieu d’une mise à mort rapide – et qui touchent surtout ceux à qui on tient plus qu’à notre propre vie ; nos enfants…
Là aussi, le blanc devient noir ; la victime est vue comme l’agresseur, et l’agresseur, comme la victime…
Et comme la loi est faite par et pour les hommes, c’est bien sûr toujours la femme qui en sort perdante.
Dans tous les pays, des voix s’élèvent contre ce scandale, mais sans être entendues, ni avoir aucun poids (alors que les associations masculinistes sont entendues, et dictent leur loi… Celle du plus fort, apparemment !)
Oui, encore et toujours , la « loi » soutient et protège les agresseurs et écrase les faibles sans scrupules ni états d’âme …
Si ne je craignais d’ennuyer, j’aurais posté tout ce document…
Encore merci.
PS : not ALL men (must die) ; I have a son 😉
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Lise Bouvet
I have a son too 😉 but let’s face it : « ALL MEN MUST DIE EXCEPT MY SON » would have less swag ;-)))))
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sporenda
« Les droits des femmes ne sont pas des concessions bien gentilles des dominants, elles sont le fruit de luttes politiques importantes qu’il convient de poursuivre. »
Ce n’est pas ce que j’ai voulu analyser, bien sûr les combats féministes ont permis des avancées. Ce qui m’a intéressée, c’est ce qui se passe CONCRETEMENT avec ces avancées une fois qu’on les a obtenues: que les concessions aient été acquises par les combats féministes ou gentiment accordées par les dominants, le résultat est à peu près identique: dans une société où le patriarcat est en situation de contre-offensive massive, soit les lois ne sont pas appliquées (parce que les conditions pour leur application ne sont pas créées) soit elles sont détournées et retournées contre les femmes.
Les rares lois vraiment efficaces, on les reconnait à ce qu’elles sont attaquées et qu’une fraction de l’opinion demande constamment leur abrogation (avortement) Je ne crois absolument pas que les meilleures lois du monde puissent avoir automatiquement un réel effet positif sur la condition des femmes dans un pays où la société reste profondément machiste et l’application de ces lois reste essentiellement aux mains d’individus profondément imprégnés de cette idéologie. Exemple: le Maroc. Quelque temps après l’arrivée de M6 au pouvoir, des lois de protection des femmes ont été passées qui, bien que limitées, auraient du apporter néanmoins quelques améliorations à la condition des marocaines.
Il n’en a rien été, rien n’a changé significativement, parce que ces lois ne sont pas appliquées, ou appliquées de façon à punir les femmes au contraire. Rien n’a été fait pour faire évoluer les mentalités traditionnelles (ce qui même avec une volonté politique est très difficile) et il y a en plus l’impact du fondamentalisme religieux ( l’actuel gouvernement du Premier ministre Benkhirane est « islamiste modéré »). –En fait, au départ, personne n’avait l’intention de faire quoi que ce soit de concret , les hommes qui ont octroyé ces lois aux femmes savaient bien qu’elles resteraient lettre morte, c’était juste une façon d’envoyer un message aux électrices: « voyez, on fait quelque chose pour vous ».
Toute loi féministe n’est pas en soi garantie d’avancées féministes, tout dépend du contexte dans laquelle elle sera appliquée. Si ce contexte reste très patriarcal, ces lois seront récupérées par le patriarcat. C’est pourquoi on les laisse passer–plutôt que de les bloquer: les dominants savent bien qu’on pourra toujours en saboter l’application après.
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Tuxedo
Désespoir et rage en lisant ce texte horriblement vrai.
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lechat
Question timide : les hommes ont-ils le droit de réagir ?
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Lise Bouvet
les hommes non mais les chats peut-être 😉
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lechat
Je tenais juste à attirer l’attention de certaines féministes qui je pense, sont parfois un peu trop agressives…
Il est dit dans cet article que les lois ne changeront rien tant que les mentalités n’évolueront pas. Je suis assez d’accord avec ce point de vue (je rajouterai juste que la parité peut aider à faire évoluer ce genre de mentalité).
Mais les propos sont parfois très agressifs et en tant qu’homme, je me sens parfois un peu trop montré du doigt comme étant un gros salaud de première par les féministes.
Alors que bon, faut pas non plus généraliser, tous les hommes ne sont pas mauvais (loin de là).
Faire évoluer le statut des femmes dans notre société ne pourra passer que par une entente avec les hommes, car, comme dit plus haut, ils maîtrisent en grand majorité les institutions.
Or, si les féministes s’inscrivent dans un comportement agressif, ça décrédibilise leur mouvement auprès des politiciens qui relégueront leurs revendications aux cotés de celles des « extrémistes minoritaires »… (si ce n’est déjà fait pour certains)
Exemple concret : j’ai vu cet article sur Google Plus, et j’ai voulu venir le lire. J’arrive sur le site, et direct, je vois dans l’en-tête : « All men must die ». Avouez qu’il y a plus accueillant ^^
De mon point de vue, c’est une erreur, le problème du viol (et aussi celui de la violence sexuelle, et tout le reste aussi) doit être corrigé main dans la main par la femme et l’homme, pas en opposition.
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Lise Bouvet
Bonsoir ! J’espère que vous lisez l’anglais car toutes les réponses à vos questions se trouvent ici : http://male-tears.tumblr.com/ En vous souhaitant une excellente soirée ❤
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lechat85
Bien.
Je ne vous souhaite pas une bonne continuation, mais plutôt un bon courage pour défendre vos idées de la sorte.
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lionel612
Merci beaucoup Lise et Sporenda !!! Si seulement vos analyses pouvaient être plus diffusées…
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Un Gars
Est-ce moi, ou est-je l’impression d’être un des rares hommes à considérer un acte non consenti (quoi qu’il arrive) comme un viol ?
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Gamita Christine
Hormis que l’analyse de Virginia ci-haut me parait bien pesée, l’anthropologie juridique a montré que es mentalités changent du moment où la norme est imposée. Jamais l’inverse. Les mentalités ne font pas changer les lois, seulement quelques individus dominants, des groupes de pression, ou groupes minoritaires qui élaborent la bonne stratégie pour ce faire.
En nos sociétés menées démocratiquement par des normes juridiques hiérarchisées, ce qui enclencherait une décisive prise de conscience serait de souligner les féminicides, tous sans restriction, en crimes contre l’humanité. http://susaufeminicides.blogspot.fr/2011/11/feminicides-definis.html
D’autre part, à souligner que les sociétés matriarcales sont inconnues. Ne sont connues que quelques sociétés matrilinéaires et avunculaires.
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